« Gaza : une leçon brutale et un exemple brillant pour les ennemis et les amis. »
Mahmoud Darwich
Nous ignorons si l’histoire de Massada, ou Massada, est vraie ou un mythe. Cette forteresse, construite au Ier siècle après J.-C. au sommet d’une colline en Palestine, est vénérée dans la tradition juive comme un témoignage de l’attachement du peuple juif à sa terre, allant jusqu’au sacrifice, et de sa résistance jusqu’au dernier souffle aux armées romaines.
Mais ce que le monde entier sait aujourd’hui et constate en direct, en sons et en images, c’est que Gaza est une réalité indéniable, qu’elle n’a rien à voir avec l’imaginaire ou le mythe, que les rôles se sont inversés pour transformer la victime d’hier en bourreau d’aujourd’hui, et que ce qu’Israël commet aujourd’hui est un acte de génocide. Il suffit de revenir aux fondements de l’idée sioniste, à sa nature profondément coloniale et à la violence raciale sur laquelle s’est bâti le projet sioniste, pour comprendre cette vérité qui s’impose aujourd’hui à nous.

Gaza écrit aujourd’hui une nouvelle page de son long et douloureux passé. L’agresseur ignore qu’il est en train de forger génération après génération de résistants, tant qu’il restera gravé dans la mémoire que la Palestine est une terre occupée, dont une grande partie des habitants a été contrainte à l’exil. Qu’elle constitue le dernier bastion du colonialisme dans le monde. Qu’il n’y a aucun sens à employer le mot « guerre » pour ce qui se passe, car il s’agit d’une lutte de libération nationale et d’une cause d’expulsion du colonisateur. Il n’y a pas lieu non plus de mettre sur un pied d’égalité les habitants légitimes de la terre et ceux venus de divers pays et horizons pour remplacer les populations originelles. Quant au reste, qu’il s’agisse de l’éthique de la révolution et des révolutionnaires, ou de gagner la sympathie de l’opinion publique mondiale, cela se discute dans ce cadre.
Il n’y a pas de place pour répéter l’histoire des Amérindiens, car l’histoire ne se répète pas. Le monde a changé depuis, malgré la persistance de la loi du plus fort.

Ce qui est requis aujourd’hui, en plus de la bataille sur le terrain et de la défense de la terre, c’est de gagner la bataille de l’opinion mondiale et d’élargir le cercle des amis et des soutiens parmi les hommes libres du monde. Il n’est pas demandé à ces derniers d’adhérer nécessairement aux positions des mouvements islamistes palestiniens radicaux, ni de se rallier à l’idée de Jérusalem comme lieu de la révélation du Prophète. Il s’agit seulement de ramener la cause à son cadre originel, celui de la dernière lutte de libération nationale contre le joug colonial à notre époque, et non d’un conflit de légitimité entre une « Terre promise » que Dieu aurait octroyée aux Juifs dans un livre sans rapport avec la géographie et l’histoire, qui n’est pas non plus un registre foncier comme certains l’ont prétendu, et Jérusalem, première des deux qiblas et troisième lieu saint de l’islam, avec toute la sacralité qu’elle revêt pour les musulmans.
D’un autre côté, nous constatons une partialité totale de la plupart des médias internationaux en faveur d’Israël, malgré sa violation des règles les plus élémentaires du droit international et des résolutions des Nations Unies.

Plus grave encore est de voir de grands noms dans les domaines de la philosophie, du droit, de la sociologie et d’autres disciplines, tels que Jürgen Habermas en Allemagne ou Luc Boltanski en France, s’inscrire dans la logique du « choc des civilisations » en se rangeant aux côtés de la brutalité militaire sioniste et en soutenant Israël, comme s’il s’agissait d’un retour du refoulé colonial et d’une manière d’expier la culpabilité liée à la Shoah, et cela au détriment du peuple palestinien.
Il est donc nécessaire de mener la bataille des idées, laquelle façonne en grande partie les inclinations et les sensibilités de l’opinion publique mondiale ainsi que des grands médias influents. Il est indispensable que la cause palestinienne retrouve pleinement sa légitimité dans ces milieux, et que l’on ajoute aux discours de mobilisation et de solidarité d’autres formes de discours capables de pénétrer la conscience occidentale et de déconstruire les mécanismes de la propagande sioniste et son emprise sur les esprits.
C’est cet aspect du combat, dans lequel les amis de la Palestine peuvent jouer un rôle, que nous essayons d’aborder dans ce dossier ouvert. Nous l’avons commencé en réunissant une première série d’articles de penseurs, intellectuels et responsables politiques du monde entier, en tenant compte de la pertinence des analyses, de la solidité des arguments avancés, de la profondeur des réflexions ainsi que de la diversité des approches et des perspectives.

source de l’article: www.mediapart.fr , ujfp.org L’historienL’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du Moyen-Orient. Professeur a Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes […]
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source de l’article: jeuneafrique.com Si le conflit à Gaza, par contraste avec la situation en Ukraine, illustre à ses yeux, jusqu’à l’absurde, le double standard pratiqué par les grandes puissances occidentales, l’universitaire franco-libanais estime aussi que cette fois, le discours sur un nouveau choc des civilisations est rejeté par les opinions publiques. Et par de […]
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source de l’article: mondoweiss.net Lorsque les intellectuels occidentaux expriment leur consternation face aux « pathologies vengeresses » de la violence palestinienne du 7 octobre, ils ignorent ses déclencheurs militaires, tactiques et politiques sous-jacents. Dans l’article largement diffusé d’Adam Shatz dans la London Review of Books , « Vengeful Pathologies », un récit se déroule, mêlant de manière complexe des analogies […]
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